Supervision et coaching de coach
Le coaching c’est d’abord un travail à partir d’une demande. Quelle que soit cette demande, coacher un coach, c’est l’accompagner vers un objectif souhaité et choisi par lui. Une fois le contrat établi et la demande posée, le travail peut commencer. Un coach peut par exemple travailler son rapport à la démarche commerciale, ou son positionnement en termes de prix, ou bien encore sa propre légitimité dans sa mission de coach… En fait des demandes très variées peuvent être travaillées quand un coach décide d’être accompagné, comme pour tout autre client. Mais c’est évidemment un accompagnement spécial car le bénéficiaire est du métier et connait les pratiques et les outils.
Peut-on toutefois parler de supervision à chaque fois qu’un coach cherche à être accompagné ? Pour l’International Coach Federation, la supervision est «l’interaction qui se produit lorsqu’un coach rapporte régulièrement ses expériences de coaching auprès d’un superviseur, donnant l’occasion d’un dialogue réflexif et d’un apprentissage collaboratif à des fins de développement personnel et dans l’intérêt du coach et de ses clients. » Apprentissage collaboratif ? La supervision serait donc une action de formation ?
Supervision et formation de coach
L’ARS (Association Romande des Superviseurs) définit la supervision comme un acte de formation. Il est certain que de part son expérience, le superviseur va amener le supervisé à monter en compétences. La supervision serait donc une formation de coach ? L’ARS nous dit aussi que « la supervision prend du sens lorsque le supervisé renforce la conscience de lui-même, de ses actes, de ses responsabilités, de son engagement, de sa volonté à coopérer et de sa capacité à créer des liens interpersonnels », tous bénéfices qui sont typiquement des fruits accessibles plutôt grâce à un accompagnement de type coaching. Nous avons vu par ailleurs les différences entre les postures de coach et de formateur (voir notre article « Coaching ou formation ? Quelles différences ?« ).
De notre point de vue, superviser c’est accompagner un coach dans sa pratique, sur la base de ses demandes mais en focalisant sur ce qu’il vit en tant que praticien. La situation de parité est identique à celle d’un coaching classique, mais le coach supervisé attend de l’expérience de son superviseur des percées qui vont le faire progresser dans sa pratique. On pressent que le superviseur délivre plus de contenus qu’un coach envers son client, même s’il n’est pas forcément hyper directif.
Pour la Société Française de Coaching, « il s’agit d’une démarche de croissance, (voire « d’hygiène ») et de professionnalisation du coach au service du (des) coaché(s) », définition où l’on retrouve bien la double notion « croissance » (coaching ?) et « professionnalisation » (formation ?).
La supervision, un processus d’accompagnement
L’EMCC quant à elle définit la supervision comme un « processus interactif entre un coach, qui partage ses expériences de coaching avec un superviseur afin d’être conseillé et de nouer un dialogue propice à la réflexion et à l’apprentissage collaboratif, pour le plus grand bénéfice du coach, de ses clients et organisations. » Il est effectivement important de mettre en place un processus d’accompagnement régulier, avec des séances de supervision planifiées, qui amènent le coach supervisé à se poser périodiquement la question : quel est le meilleur sujet que je puisse ramener à ma prochaine séance de supervision ? Cette seule tension positive a des effets vertueux car elle amène à prendre du recul sur sa pratique et à documenter les cas à plus fort enjeu. Que peut-il se passer en séance de supervision ? Sans doute une multitude de choses, mais des grandes lignes se dessinent. Tout d’abord, l’échange porte le plus souvent sur des cas réels, vécu par le coach, et qu’il ramène en séance pour les disséquer. Et ce à plusieurs fins :
- chercher du soutien et travailler sur des difficultés, et ainsi grandir en compétences
- confirmer sa pratique, la faire évaluer par une appréciation externe, et ainsi bénéficier d’un regard externe objectif
- nettoyer d’éventuels ratés, et en apprendre quelque chose, pour prendre soin de soi et progresser
- et aussi célébrer de beaux succès et augmenter son capital confiance en sa légitimité professionnelle,
- …
La supervision est-elle un coaching de coach ?
De ce qui précède il ressort que la supervision est un processus d’accompagnement d’un coach par un autre coach. Au cours de ce processus, le coach-client va bénéficier du regard extérieur, neutre et objectif du coach-superviseur. Il n’est donc plus seul à avancer sur son chemin mais est soutenu par un confrère expérimenté. Durant les échanges et selon les situations évoquées par le coach-client, ce processus se nourrit d’apports, de partages d’expérience, de questionnements et de prise de recul. Les apports et partages d’expérience peuvent être assimilés à de la formation tandis que les questions et la prise de recul caractérisent bien le coaching. La supervision est donc plus qu’un coaching car son cadre englobe la recherche d’une antériorité d’expérience et la réassurance d’une figure d’autorité.
Mais ce type de supervision est-il exclusivement réservé aux coachs ? Non. Un métier proche, la psychothérapie fait également appel à la supervision. Dans l’entreprise on peut très bien parler de supervision de manager ou mentorat, quand un manager expérimenté supervise un autre manager pour l’aider à trouver son autonomie plus vite. Dans ce dernier cas, le manager expérimenté utilisera certainement une posture type coaching durant son travail d’accompagnement.
On voit donc que la supervision n’est pas réservée au métier de coach mais s’applique plus largement aux démarches mêlant coaching, expérience partagée et formation qui s’inscrivent dans le temps long, le temps de l’accompagnement…